Gaspésies
- La plume et l'ancre
- 10 sept. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 oct. 2020
Il y a cet été-là, où tout le Québec a eu besoin d’horizon.
Je ne sais pas s'il y a eu d'autres Gaspésie ailleurs. Ce rebord du monde où les foules se sont pressées dès qu’on a pu sortir de chez soi. Comme une ruée vers le large. Pour décloisonner notre regard, embrasser le plus de panorama possible, l’emmagasiner au cas où. Faire des provisions de paysages.
Au cas où. À côté des autres choses dont on a cruellement manqué.
Je vais en Gaspésie pratiquement tous les étés.
Il y a des morceaux de vie accrochés un peu partout le long de la grève.
Cette année, j’ai essayé de ne pas y aller.
J’essaie, parfois, de ne pas partir. Comme j’essaie de ne pas écrire.
Pour tenter de m’en tenir à l’incontournable.
Je crois que les paysages sculptent nos pensées.
Un grand confinement, au comble de l'hiver québécois, c’est comme un huis-clos dans le huis-clos. En pensant à celui qui s’en venait, le prochain hiver, j’ai senti moi aussi le besoin viscéral d’aller recharger mes réserves d’horizon. Besoin de changer de décor. Pour réveiller mes pensées endormies par la routine des lieux connus. Avant de se ré-encabaner. Un appel, incontournable donc, d’aller voir la mer. Comme un pèlerinage, pour rendre visite à une lointaine aïeule. Réconfortante, juste par sa présence. Son accueil. Sa sagesse familière. Qui peut tout prendre et tout porter. Les poids du passé comme les voeux d’avenir.
Je me dis que les océans doivent être chargés en ce moment.
De tout ce que les processions d’humains, en mal d’infini, ont confié aux rivages.
S’il y a un endroit où la conscience collective habite, je pense que c’est dans la mer. Avec les épaves, les couches sédimentaires de nos vieilles mémoires, nos idées, nos fragments de mots et de bouteilles, remplies du pire et du meilleur.
Je laisse ici quelques traces de mes carnets, de cette péninsule que j’ai écrite, dessinée, respirée et collectionnée. Et qui racontent aussi un peu cette force d’attraction qu’ont pour moi les bouts du monde.
L'envie de tout recommencer.
Peut-être l'impulsion du bout du monde.
Refaire des maisons.
Ou s'embarquer pour le large.
***
Baie-des-Chaleurs. Sur ses contours.
Jalonnée de petites églises perchées sur des caps d'espérance et de toits rongés par le sel.
Ça s'effrite...
Hope Town. Cap d'Espoir.
Tous ces villages qui supplient l'horizon.
Comentarios